La Baja California
- samuelgagn
- 10 juil. 2014
- 8 min de lecture
Mes sentiments pour la Baja California sont très partagés. Cette longue péninsule désertique de 1500 kilomètres de long, su situant à l'extrême nord-ouest du Mexique, offre des paysages incroyables et une solitude que jamais auparavant je n’ai vécu. D’un côté, être seul au milieu de ses multiples cactus m’a charmé. Je désirais passer du temps déconnecter de la société, j’ai été servi. De l’autre, cette chaleur intense et ce soleil omniprésent ont été des épreuves de tailles. J’ai passer par toutes sortes d’émotions, du désespoir à la paix intérieure, de la frustation à la joie. Mais, n’allons pas trop vite, commençons par le commencement.
Tijunana
J’ai traversé la frontière du Mexique le 21 mai dernier. Rien de plus facile. Cet énorme mur de béton, grillage, cloture et de barbelés est le meilleur índice pour nous indiquer que nous changeons de pays. Pour le reste, il suffit de simplement marcher et le tour est joué. Pas d’interrogatoire, pas d’identité à prouver ni de papier à remplir. Cela fait changement des États-Unis. Il faut tout de même, une fois entré au pays, payer une taxe touristique.
Dès que j’ai franchi la frontière, le constraste est fulgurant. Des édifices en ruine, des routes délabrées, toutes sortes d’odeur qui jaïssent de ces cadavres jonchants la rue, des déchets partout. Voilà, c’est fait, j’ai changé de pays. Finis le luxe de pédaler le long des chemins aménagés pour cyclistes, me voici maintenant dans un autre univers, dans cette autre réalité que l’on appelle “en développement”. Je ne m’attendais pas à un changement si brusque. Il y a quelques heures à peine, j’étais à San Diego, ville propre et rangée, occidentale quoi.
Je savais déjà où me rendre à Tijuana, j’avais trouvé un hôte (avec warmshowers) près du centre de la ville. Je n’aurais pas pu tomber mieux; Gerardo parlait englais et semblait disposer de tout son temps pour m’accueillir dans cette transition. Il me servit de traducteur pour trouver ce que j’avais besoin, moi qui en était encore à balbutier les quelques môts d’espagnol que je connaissais. C’est également dans son miniscule 2 1/2 , où il demeure avec sa femme, que je suis resté mes deux jours dans cette capitale du sex, de la drogue et de la prostitution. Croyez-moi, ce nom dit tout et je vois difficilement d’autres raisons de se render dans cette ville. D’ailleurs, voici une p’tite annecdote: alors que je magasinais bonnement dans un centre commercial, un homme, peut-être dans la soixantaine, initia la conversation. Il me dit qu’il était originaire d’Allemagne et vivait maintenant en Amérique. Supposément un célèbre ex-acteur d’hollywood, cet homme de fortune se disait de l’autre côté de la frontière pour gérer l’”orphelinat” qu’il possédait. Enfin, il se mit à insister pour que nous gardons contact et que je vienne lui rendre visite à Hollywood pour qu’il fasse de moi, humblement, le prochain Justin Bieber. De retour à la casa, moi et Gerardo nous nous empressâmes de vérifier les dires de cet étrange bonhomme. Rien d`étonnnant, tout cette histoire était fausse. “Et alors, cet orphelinat, c’est quoi” fut la première question qui me vint à l’esprit. “Probablement une école de prostituées”, m’avoua tristement Gerardo. Il n`y a rien de plus alléchant, pour une jeune fille vivant dans la rue, que de vivre la vie huppée des travailleuses du sex. Ouais, dégueulasse, vous l’avez dit.
Ensenada
Deux jours plus tard, j’étais à Ensenada. Plus modeste (et plus “clean”) que Tijuana, la ville me plût. J`y restai tout d’abord deux jours pour finalement m’y plaire pendant une semaine et demi. Bien que touristique, l’accueil de la population ensenadoise compense l’excès de ces riches américains en quête de beuverie à un prix dérisoire. La journée de mon arrivée, j’avais brisé mon support à baggage avant et j’ai eu ma première crevaison. En fait, mon vélo avait décidemment besoin qu’on prenne soin de lui. Je me suis également trompé de chemin (en empruntant un autoroute abandonné) et, après avoir fait demi-tour, je suis arrivé sur cette route deux voies, sans accôtements, en montagnes et bondé de traffic. Je savais que le chemin serait plus dangereux une fois rendu au Mexique mais là, s’en était trop pour moi, pas question de pédaler plus loin. Heureusement, de gentils mexicains, comprenants ma situation, me proposèrement de me conduire à destination. C’était la quatrième fois que je promenais mon vélo en voiture, ne pouvant faire autrement. Enfin, l’important c’est que j’ai terminéla soirée autour d’un festin traditionnel de là-bas à danser de mon mieux. Les jours suivants, j’ai exploré la ville et réparé mon vélo. J’ai finis par me créer un petit cercle social, ce qui me mena à rencontrer mes amis de la Tarima, Karina et Efrain (j’ignore comment s’écrit son nom!). Ce charmant couple de musiciens, propriétaires d’un petit café-spectacle, m’hébergea chaleureusement chez eux. J’y ai passé de très belles soirées à rencontrer des gens et jouer de la musique. Eux, parlant un peu anglais et moi un peu espagnol, nous avions le désir commun d’apprendre une nouvelle langue. Je finis par reprendre la route, satisfait de mon séjour ici.
Alors commence le désert
Cela me prit peu de temps avant de me sentir accaplé par la puissance du soleil. Depuis le début de mon aventure, il avait toujours été là, chevauchant en alternance à mes côtés, à droite comme à gauche, dépendamment de l’heure du jour. Celui-ci deviendra, à partir de ce moment, mon plus fidèle compagnon tout en étant mon pire ennemi. J’entrais désormais dans la partie désertique de la Baja California. J’hésite à dire désert car cela ne ressemble pas exactmement aux images du Sahara que j’ai déjà apercues. Parfois ce sont des étendues de sable mais la plupart du temps ce sont ces innombrables cactus qui dominent le paysage. Moi qui avait rarement vu des cactus auparavant, je me vis choyé; il y avait une telle diversité de plantes à épines, adoptant toutes les formes imaginables. Certains de 50 pieds de haut, d`autres, la taille d’un arbustre, avec des fleurs et des fruits des plus étranges.. C’est, je dirais, tout le contraire de la flore du Québec.
En ce qui à trait à la chaleur, c’était supportable tant que je longeais la côte du pacifique. Or, lorsque l’autoroute 1 (la seule route asphalté dévalant la péninsule) vire vers l’intérieur des terres que les choses se gâtent. La température monte drastiquement le jour et la nuit, il fait froid. Une chaleur sèche et aride. Ma première journée, j’ai paniqué, j’ai voulu tout arrêter là. J’avais peur de manquer d’eau, de manquer de nourriture. Puis, je me suis adapté. J’ai compris qu’il fallait seulement que je pédale le matin et que je sois à l’ombre l’après-midi, à me reposer.
Le dernier point important a mentionné est la solitude que tout cycliste expérimente dans cette partie du monde. Entre Ensenada et La Paz (où je me trouve présentement) c’est 1300 kilomètres de presque rien, de petites villes par endroits, le plus souvent seulement des genres de “ranchs” (petite fermette avec généralement un dépanneur), pour les touristes qui s’aventurent en cet endroit isolé.
La Baja, c’est donc essentiellement:
Soleil
Chaleur
Isolement
Je pense qu’il est important de répéter que je n’ai pas considéré ma solitude comme un point négatif (sauf à la fin, où j’avais hâte de passer à autre chose). J’ai d’ailleurs écrit ceci dans mon journal (le mercredi 4 juin 2014):
La solitude n’est que la peur d’être pris avec soi-même
J'ai probablement lu cette phrase à quelque part, j'imagine. Je n’ai jamais passé une journée entière seul également.
La Baja California du sud
La Baja California du sud est déjà plus attrayante que celle du nord. En commençant par le petit village de San Ignacio, premier contact avec ce qui me semble être le “vrai Mexique”. En retrait de l´autoroute, au mileu d’une oasis, il y a là une paisible place centrale surplombé d’une église de pierre grise, dominant les alentours. Les multiples arbres et palmiers gardent l’air fraîche et nous fait oublier cet infatiguable soleil. Naturellement, je me suis reposé quelques jours dans ce petit paradis de fruits pas encore mûrs (je regardais ces mangues vertes avec envi) et de dattes désèchées.
Ensuite, vient la mer de Cortez, la côte est de la péninsule. Une fois de plus, l’environnement change. Beaucoup plus humide, il fait encore plus chaud, le jour comme la nuit. Je n’oublierai jamais ce sentiment de détresse quand vient le midi et que je suis toujours sur la route. Il n’y a aucun arbre, donc pas d’ombre et nulle part où s’arrêter. La seule chose à faire est alors de continuer, considérant que sur un vélo, l’on est directement exposé à la mère nature.
Je ne suis pas un fan de plage mais je dois avouer que celles de la mer de Cortez sont époustouflantes. Turquoises et claires, avec du sable blanc. Je me suis amusé là à faire de la plonger et à observer ses poissons colorés dont je mangerai le soir avec les pêcheurs du coin (délicieux!).
Enfin, le reste de la route jusqu’à La Paz s’est fait sans encombre. J’oubliais, il y a même plut, c’était incroyable! En deux mois de vélo, c’était la première pluie dont je pouvais jouir! J’étais heureux, mouillé et satisfait. La fraîcheur qui l’accompagnait était bien entendu la bienvenue.
DE LA PLUIE, OUI!
L’accueil des gens
Les mexicains sont pour la plupart, on va se le dire, franchement accueillant. Le cercle social au Mexique est extrêmement important, tout tourne autour de la famille. Donc, les Mexicains se serrent les coudes et vu les conditions économiques de la región, cela n’est qu’à leur avantage. Le travail de champs, l’une des jobs les plus exténuantes (selon moi) et moins payé, commence à partir de 7$ américains par jour (8 heures d’ouvrage). J’ai été accueilli chez des gens extrêmement pauvre qui ont tout partagé avec moi. Ils m’étonnent par leur sens de l’entraide et par la gentillesse dont ils font preuve envers un étrangé. Il faut dire que plusieurs me considèrent comme un enfant perdu et me prennent sous leur aile. Il n’y a qu’une fois où je me suis senti comme un gringo. Enfin, après tout ce qu’ils m’ont donné, je ne me sens que reconnaissant.
La culture icitte, ça r'semble à quoé?
Je donne un gros D à la culture de la Baja California. En fait, il n’y en a tout simplement pas. C’est un genre d’amalgame des déchêts de la société occidentale. Pour la nourriture, trop de coke (du coke partout partout partout), de fast-food et de sucreries.
En parlant de coke, dans toute demeure mexicaine, la bouteille de coca n’est jamais très loin derrière le petit Jésus. Elle accompagne tous les repas. Ce n’est pas pour rien que de nombreuses personnes souffrent d’obésité et de diabête ici. Coca-cola s’est autoproclamée la boisson du peuple et les gens sont fières de la déguster. Elle est maintenant un icône de la vie mexicaine (ou, du moins, de la Baja California).
Puis, il n’y a pas de légumes! Pratiquemment aucune option végétarienne. L’alimentation est l’une des choses qui me tient à coeur et être confronté à ce peu de choix me choque. Heureusement, il y a les fruits pour sauver la donne. Il n’y a rien de mieux que de boire un jus d’orange frais par exemple.
De plus, la télévision domine toute demeure qui se respecte et diffuse des séries américaines de deuxième classe qui ne font que renforcir ce mythe que la vie est dont parfaite chez leur riche voisin nordique.
La Paz, et quoi maintenant?
Maintenant, je suis à La Paz, à la pointe de la péninsule. D’ici, je peux prendre le traversier pour me rendre au continent (la ville de Mazatlan). Cela fait déjà quelques jours que je suis arrivé et, pour l’instant, l’envi de continuer n’est pas au rendez-vous. J'ai étudié diverses options (comme travailler dans une communauté ou partir avec un voilier) mais rien de concrétiser pour le moment. Je trouve l’aventure dure et j’ai de la difficulté à voir les bénéfices dnt j’en ai retiré jusqu’à maintenant. Il y a aussi le fait que je ne pourrai jamais me rendre au Panama dans les temps qui me tracasse. Bref, si vous avez des suggestions, je vous invite grandement à aller de l'avant! Cela me fera un grand plaisir de vous lire, peu importe qui vous êtes.























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