Injustice
- samuelgagn
- 22 nov. 2014
- 3 min de lecture
Le monde n’est qu’injustice. C’est ce que je constate depuis que je suis au Mexique. Tous ces gens qui se battent pour des salaires ridicules et des conditions de travail qui le sont tout aussi me pèsent lourds. L’espoir a disparu de leurs regards et le repliement sur eux-même est frappant. Ils ne vivent pas, ils survivent. Comment peut-on avoir confiance en son voisin dans de telles conditions? Leur malheur les éloignent les uns des autres. Les différences de richesses sont énormes et la justice semble moduler dépendamment de la grosseur de ton porte-feuille. Une élite profite des souplesses du governement alors que le reste se débrouille avec ce qui reste. C’est comme jeter des miettes de pain à des pigeons et les regarder se bouffer entre eux.
Les rues sont sales, les infrastructures sont en ruines, les visages sont ternes, la vie est chère. La simple beauté de vivre n’y est pas. Le bonheur réside plutôt ici dans une bouteille de coke bien fraîche ou de bière sans goût en compagnie d’amis regardant le foot-ball ou un téléroman bas de gamme. Il est consternant de voir tous ces gens préférer avoir un cellulaire ou une télévision que de la simple nourriture. Sans mentionner l’état lamentable de leur demeure (ce qui peut se résumer à une piteuse remorque ou quelques planches de bois assembler en forme d’abris). Pas d’eau courante? Pas grave, suffit d’utiliser une chaudière d’eau et <no pasa nada> (pas de problèmes) comme on dirait par ici. Pas de gestion de déchêts? Bah, on les jète dans la rue. A des problèmes simples, solutions simplettes. Tant que la situation ne change pas trop le quotidien, c’est acceptable.
Le drame des 43 étudiants
Le 26 septembre dernier, 43 étudiants de 17 à 21 ans ont disparu à Iguala, dans l’état de Guerrero. Ceux-ci ont été enlevés par des policiers municipaux avec l’aide de narcotrafiquants, interceptés sur le chemin alors que ceux-ci se dirigaient dans une ville voisine en bus. Ils prévoyaient participer à une activité de financement ainsi que manifester afin de dénoncer le faible financement que recoivent les écoles rurales. 6 personnes ont été tués lors de l’opération et l’on suppose actuellement que le même sort a été réservé aux jeunes kidnappés (bien qu’il n’y ait toujours aucune preuve de cela). Selon le témoignage de narcotrafiquants arrêtés à la suite de la tragédie, au moins 40 d’entre eux ont été torturés, lipidés et finalement brûler, leurs restes dispersés dans différents cours d’eau, ce qui expliquerait que l’on ait totalement perdu leur trace. Les familles des victimes, quant à elle, se refusent à croire cette version des faits et soutiennent que leurs proches sont toujours vivants, détenus en un lieu secrèt par les autorités. Le motif de ce massacre? Le maire de la municipalité, craignant que ces étudiants engagés pourraient entâcher sa prochaine campagne électorale, a jugé nécessaire de faire disparaître cette éventuelle menace. Il aurait donc fait appel à ses amis les <Guerreros unidos>, une importante organisation criminelle de la région, afin de remédier à la situation. Ce dernier a d’ailleurs pris la fuite le jour suivant ce triste événement, tout comme le chef de police municipal.
#Ya me cansé (Je suis fatigué)
Cette tragédie a mis en lumière de nouveau la violence qui séguit au Mexique. La grogne populaire monte et dénonce le laxisme du gouvernement de Peña Nieto devant l’urgence de la situation. Le 20 novembre dernier, des manifestations ont eu lieu dans une trentaine de villes à travers le pays (dont La Paz, où je me trouve), relayer par les réseaux sociaux et un soutient international dans plusieurs métropoles autor du globe. Le ashtag Ya me cansé (je suis fatigué ou j’en ai marre) est maintenant symbole du mouvement, phrase qui a été prononcé par le procureur général du Mexique pour mettre fin à une conférence de presse concernant l’enquête en cours sur les 43 disparues.
Et les mexicains Font bien de manifester leur colère; Il y eut 60 000 morts et 25 000 disparus de 2006[I1] à 2012, en lien avec les cartels de la drogue, dont 149 cas impliquant les autorités. L’ampleur de la situation rappelle également les événements du 2 octobre 1968, journée noire au cours de laquelle 300 étudiants-manifestants ont été massacrés par l’armée mexicaine.
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